[Fredericton, N.-B.] Face aux indices laissant présager la suppression de la majoration liée au coût du carbone par le gouvernement provincial, l’industrie des carburants du Nouveau-Brunswick tire à nouveau la sonnette d’alarme. Les acteurs du secteur dénoncent une mesure qui porterait un coup fatal aux fournisseurs de carburants de la province, mettrait en péril l’approvisionnement et ferait fi des conclusions réglementaires de nos propres instances provinciales.
« Cette décision aurait pour effet de contraindre les fournisseurs de carburants à vendre à perte sur chaque litre », s’alarme Mike Hammoud, vice-président du CCID pour la région Atlantique. « Cette mesure va sans aucun doute paralyser l’industrie et compromettre la stabilité et la sécurisation de l’approvisionnement en produits pétroliers dans toute la province. Comment le gouvernement peut-il envisager qu’une entreprise locale fonctionne à perte? »
La majoration liée au coût du carbone avait été instaurée par la Commission de l’énergie et des services publics (CESP) pour atténuer l’effet potentiellement désastreux du Règlement sur les combustibles propres du gouvernement fédéral, qui autorise les raffineurs et les importateurs à répercuter leurs coûts de mise en conformité. Dans le cadre de son système de prix réglementés des carburants, la CESP avait établi qu’en l’absence de cette majoration, la province pourrait s’exposer à des pénuries, à des fermetures d’entreprises et à des suppressions d’emplois massives dans toute l’industrie.
Les représentants du secteur rappellent que cette majoration résulte d’une analyse approfondie menée par une autorité de réglementation indépendante, et non d’une décision politique. D’ailleurs, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador, dotées de systèmes similaires de prix réglementés, ont simultanément mis en place un dispositif comparable.
« La CESP a instauré cette majoration pour une seule raison : éviter précisément le type de situation qui va paralyser la province », souligne M. Hammoud.
Conséquences prévisibles de la suppression
Les distributeurs de carburants alertent sur plusieurs points :
- Menace sur la fiabilité de l’approvisionnement local en carburant, tant pour les particuliers que pour les services d’urgence.
- Hausse probable des prix et fragilisation de la sécurité d’approvisionnement au niveau provincial.
- Érosion des marges bénéficiaires réglementées des détaillants et grossistes secondaires, entraînant des pertes sur chaque litre de carburant vendu.
- Suspension inévitable des ventes de carburants par de nombreux détaillants, incapables d’absorber les pertes financières découlant de l’annulation du mécanisme d’ajustement sans solution de rechange.
- Menace sur des centaines d’emplois, particulièrement dans les petites villes et en zones rurales.
« Ce gouvernement comprend parfaitement les faits et la complexité de la situation », affirme M. Hammoud. « Ces éléments lui ont été présentés à maintes reprises, notamment lors des audiences du Comité de modification des lois sur le projet de loi 4 – cette même mesure législative que le gouvernement a déposée et adoptée pour mettre fin à la majoration. »
« Envisager cette suppression malgré ces mises en garde témoigne d’un mépris flagrant pour nos PME, nos territoires ruraux et la stabilité de notre réseau de distribution. »
Le secteur dénonce également la confusion entretenue entre la majoration liée au coût du carbone et le récent ajustement des marges de détail.
« Mais soyons clairs : ces deux dispositifs sont totalement distincts. L’un concerne les coûts d’exploitation courants, l’autre vise uniquement à compenser les retombées du Règlement sur les combustibles propres du gouvernement fédéral », insiste M. Hammoud.
Alors que la CESP mène actuellement une évaluation formelle de la majoration, les acteurs du secteur jugent inconcevable une intervention gouvernementale avant la conclusion de ces travaux.
« Les Néo-Brunswickois méritent une politique énergétique fondée sur des faits, pas sur des considérations politiciennes », conclut M. Hammoud. « L’examen mené par la CESP doit servir de boussole dans cette décision. Court-circuiter ce processus d’analyse en cours serait une démarche inconsidérée aux conséquences durables pour la province. »
Contact presse :
Mike Hammoud, vice-président pour la région Atlantique
Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs
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902.880.9733